Agrocarburants : un intérêt écologique limité
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Agrocarburants : un intérêt écologique limité
Comment a-t-on pu s’engager aussi rapidement
dans la production d’agrocarburants ? C’est la question qu’ont fini par
se poser, un peu interloqués, les quelque cinquante chercheurs et
experts participant à un séminaire sur "Agrocarburants et développement
durable" organisé à Grenoble par le service de la recherche du
ministère de l’écologie les lundi 28 et mardi 29 janvier.
En 2003, les principaux pays occidentaux ont
engagé des plans ambitieux de développement des agrocarburants. Depuis
lors, les études se sont succédées qui, pour l’essentiel, en ont
démenti l’intérêt environnemental. L’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE), l’ONU, l’Organisation pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Chambre des communes
britannique ont produit des rapports à la tonalité critique, ainsi que
nombre d’articles scientifiques.
"Les études de bilan énergétique des filières présentent des écarts gigantesques",
a souligné Jean-Christophe Bureau, de l’Institut national de la
recherche agronomique (INRA). On va ainsi d’un gain de onze unités
d’énergie produites pour une consommée dans la chaîne de production des
agrocarburants, à une perte de seize unités ! "L’analyse globale de ces études, a poursuivi M. Bureau, conduit à conclure que le coût de la tonne de rejets de CO2 évitée (par
substitution aux hydrocarbures d’origine fossile) est bien supérieur à
ce qui est recommandé." Il atteint 300 euros pour l’éthanol d’origine
végétale, quand le prix de référence en France est de 25 euros.
L’impact environnemental du développement
projeté des agrocarburants est notable. En Europe, il se ferait par
mise en culture des jachères. "Or de nombreuses
espèces de plantes ou d’oiseaux sont déjà en situation précaire. Les
mesures de protection ont beaucoup bénéficié des jachères, a indiqué Serge Muller, de l’université de Metz. Le
développement des agrocarburants est incompatible avec l’engagement
international qu’a pris la France de stopper l’érosion de la
biodiversité en 2010."
Des résultats surprenants sont apparus.
Ainsi, en raison d’une mauvaise combustion, certains agrocarburants
pourraient conduire à une augmentation des émissions de polluants
atmosphériques, comme le protoxyde d’azote. De même, du fait que le
colza absorbe mal l’engrais azoté, son développement en culture
énergétique risque de provoquer une augmentation des pollutions de
l’eau.
Quant aux agrocarburants dans les pays
tropicaux, s’ils présentent des rendements énergétiques bien meilleurs
(notamment la canne à sucre), leur développement se produit en partie
par la déforestation. La concurrence avec les cultures alimentaires
peut aussi être nuisible aux plus pauvres, en poussant les prix
alimentaires à la hausse. En revanche, bien conduite, l’utilisation de
la biomasse pourrait fournir des emplois aux paysans du Sud, qui en
manquent cruellement, a souligné l’économiste Ignacy Sachs.
En fait, le développement des agrocarburants
a été largement motivé par la volonté de soutenir les céréaliers, mis à
mal des deux côtés de l’Atlantique par la baisse des subventions. "Quand la décision a été prise en 2003 en France de lancer le plan, dit Claude Roy, coordonnateur interministériel pour la biomasse, on
n’a pas mesuré tous les impacts sur les marchés agricoles ou sur la
biodiversité. Mais ces molécules sont aussi utiles pour la chimie : la
vraie logique, c’est d’aller vers la chimie verte."
LM
dans la production d’agrocarburants ? C’est la question qu’ont fini par
se poser, un peu interloqués, les quelque cinquante chercheurs et
experts participant à un séminaire sur "Agrocarburants et développement
durable" organisé à Grenoble par le service de la recherche du
ministère de l’écologie les lundi 28 et mardi 29 janvier.
En 2003, les principaux pays occidentaux ont
engagé des plans ambitieux de développement des agrocarburants. Depuis
lors, les études se sont succédées qui, pour l’essentiel, en ont
démenti l’intérêt environnemental. L’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE), l’ONU, l’Organisation pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Chambre des communes
britannique ont produit des rapports à la tonalité critique, ainsi que
nombre d’articles scientifiques.
"Les études de bilan énergétique des filières présentent des écarts gigantesques",
a souligné Jean-Christophe Bureau, de l’Institut national de la
recherche agronomique (INRA). On va ainsi d’un gain de onze unités
d’énergie produites pour une consommée dans la chaîne de production des
agrocarburants, à une perte de seize unités ! "L’analyse globale de ces études, a poursuivi M. Bureau, conduit à conclure que le coût de la tonne de rejets de CO2 évitée (par
substitution aux hydrocarbures d’origine fossile) est bien supérieur à
ce qui est recommandé." Il atteint 300 euros pour l’éthanol d’origine
végétale, quand le prix de référence en France est de 25 euros.
L’impact environnemental du développement
projeté des agrocarburants est notable. En Europe, il se ferait par
mise en culture des jachères. "Or de nombreuses
espèces de plantes ou d’oiseaux sont déjà en situation précaire. Les
mesures de protection ont beaucoup bénéficié des jachères, a indiqué Serge Muller, de l’université de Metz. Le
développement des agrocarburants est incompatible avec l’engagement
international qu’a pris la France de stopper l’érosion de la
biodiversité en 2010."
Des résultats surprenants sont apparus.
Ainsi, en raison d’une mauvaise combustion, certains agrocarburants
pourraient conduire à une augmentation des émissions de polluants
atmosphériques, comme le protoxyde d’azote. De même, du fait que le
colza absorbe mal l’engrais azoté, son développement en culture
énergétique risque de provoquer une augmentation des pollutions de
l’eau.
Quant aux agrocarburants dans les pays
tropicaux, s’ils présentent des rendements énergétiques bien meilleurs
(notamment la canne à sucre), leur développement se produit en partie
par la déforestation. La concurrence avec les cultures alimentaires
peut aussi être nuisible aux plus pauvres, en poussant les prix
alimentaires à la hausse. En revanche, bien conduite, l’utilisation de
la biomasse pourrait fournir des emplois aux paysans du Sud, qui en
manquent cruellement, a souligné l’économiste Ignacy Sachs.
En fait, le développement des agrocarburants
a été largement motivé par la volonté de soutenir les céréaliers, mis à
mal des deux côtés de l’Atlantique par la baisse des subventions. "Quand la décision a été prise en 2003 en France de lancer le plan, dit Claude Roy, coordonnateur interministériel pour la biomasse, on
n’a pas mesuré tous les impacts sur les marchés agricoles ou sur la
biodiversité. Mais ces molécules sont aussi utiles pour la chimie : la
vraie logique, c’est d’aller vers la chimie verte."
LM
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