Le méthane, un gaz aussi nuisible que le CO2
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Le méthane, un gaz aussi nuisible que le CO2
Le méthane, un gaz aussi nuisible que le CO2
Dans un article publié dans La Recherche,
trois spécialistes de l’énergie et du climat, Benjamin Dessus, Bernard
Laponche et Hervé Letreut, lancent un pavé dans la mare. À force de se
focaliser sur le gaz carbonique (CO2), et de négliger l’impact des
autres gaz à effet de serre, comme le méthane (CH4) ou l’oxyde nitreux,
les politiques de lutte contre le réchauffement risquent, selon eux, de
tourner au fiasco.
Ils ne remettent pas en question la réalité du réchauffement climatique, mais critiquent les options en matière de réduction.
Ils démontrent, chiffres et courbes à
l’appui, que la récupération de la majeure partie du méthane (CH4)
dégagé par la décomposition des décharges d’ordures ménagères aurait
plus d’impact sur la réduction du réchauffement climatique que la
construction de trois réacteurs nucléaires de type EPR. Ou, plus
concret encore, qu’elle aurait le même effet que l’isolation thermique
de 400 000 logements anciens par an pendant vingt-cinq ans.
Le tout à moindres frais, en valorisant une
ressource énergétique pouvant servir aussi bien à produire de
l’électricité qu’à chauffer des immeubles ou à faire rouler des bus ou
des voitures...
Pour illustrer leur propos, les chercheurs
s’appuient sur la résolution du Conseil des ministres de
l’Environnement de l’Union européenne, en date du 30 octobre 2007. Pour
éviter un réchauffement planétaire de plus de 2°C, le texte préconise,
en effet, de « stabiliser la concentration des gaz à effet de serre
dans l’atmosphère à environ 450 ppm d’équivalent CO2 » en procédant par
étape.
Les émissions devront « atteindre leur
maximum dans les dix ou quinze ans qui viennent » avant de revenir
« d’ici à 2050 » à « un niveau inférieur d’au moins 50 % à celui de
1990 ».
Fort bien. Sauf que « seuls les efforts de
réduction du CO2 sont cités, déplorent nos trois experts. Les gaz à
effet de serre autres que le CO2 (méthane, oxyde nitreux, etc.) ne font
l’objet d’aucune mention spécifique ». Même constat en France : « Lors
du “Grenelle de l’environnement”, toutes les mesures prononcées
concernaient la réduction des émissions de CO2 sans qu’une seule fois,
dans le document final, ne soit jamais mentionné le méthane. »
Pourquoi un tel oubli ? Essentiellement pour
des raisons pratiques répondent les auteurs. La conversion en « tonnes
équivalent CO2 » permet, en effet, de comptabiliser plus facilement la
contribution des différents gaz responsables de l’effet de serre. Mais
du fait de la « généralisation de son emploi [...], tout se passe comme
si l’on avait affaire à un seul gaz, “équivalent CO2” dont il s’agit de
réduire les émissions. »
Plus grave : les calculs d’équivalence sont
effectués de façon très approximative, ce qui contribue à sous-estimer
l’impact du méthane, notamment. Il est ainsi couramment admis que
l’émission d’une tonne de méthane dans l’atmosphère a le même effet que
21 tonnes de CO2. Sauf que cette équivalence n’est valable que sur une
période de cent ans. Le temps de vie du méthane dans l’atmosphère étant
beaucoup plus faible que celui du CO2, son impact climatique est
d’autant plus élevé que la période de référence choisie est courte.
Par exemple : à l’horizon 2050, date à
laquelle l’Europe veut réduire de 50 % ses émissions de gaz à effet de
serre par rapport à 1990, le « pouvoir de réchauffement global » du
méthane n’est plus égal à 21 mais à 49. Et à cinq ans, une tonne de
méthane fait autant de dégâts que 101 tonnes de CO2 !
À l’horizon de cinquante ans, la
sous-estimation des effets engendrée par l’utilisation du PRG de 21 est
donc très élevée (un facteur 2,7) et elle reste encore d’un facteur 1,9
sur cent ans.
Conclusion : l’Europe ne pourra pas atteindre
son objectif si elle n’intègre pas le méthane dans son programme de
réduction d’émissions et si elle persiste à lui appliquer un
coefficient d’équivalence inadapté.
LR
Dans un article publié dans La Recherche,
trois spécialistes de l’énergie et du climat, Benjamin Dessus, Bernard
Laponche et Hervé Letreut, lancent un pavé dans la mare. À force de se
focaliser sur le gaz carbonique (CO2), et de négliger l’impact des
autres gaz à effet de serre, comme le méthane (CH4) ou l’oxyde nitreux,
les politiques de lutte contre le réchauffement risquent, selon eux, de
tourner au fiasco.
Ils ne remettent pas en question la réalité du réchauffement climatique, mais critiquent les options en matière de réduction.
Ils démontrent, chiffres et courbes à
l’appui, que la récupération de la majeure partie du méthane (CH4)
dégagé par la décomposition des décharges d’ordures ménagères aurait
plus d’impact sur la réduction du réchauffement climatique que la
construction de trois réacteurs nucléaires de type EPR. Ou, plus
concret encore, qu’elle aurait le même effet que l’isolation thermique
de 400 000 logements anciens par an pendant vingt-cinq ans.
Le tout à moindres frais, en valorisant une
ressource énergétique pouvant servir aussi bien à produire de
l’électricité qu’à chauffer des immeubles ou à faire rouler des bus ou
des voitures...
Pour illustrer leur propos, les chercheurs
s’appuient sur la résolution du Conseil des ministres de
l’Environnement de l’Union européenne, en date du 30 octobre 2007. Pour
éviter un réchauffement planétaire de plus de 2°C, le texte préconise,
en effet, de « stabiliser la concentration des gaz à effet de serre
dans l’atmosphère à environ 450 ppm d’équivalent CO2 » en procédant par
étape.
Les émissions devront « atteindre leur
maximum dans les dix ou quinze ans qui viennent » avant de revenir
« d’ici à 2050 » à « un niveau inférieur d’au moins 50 % à celui de
1990 ».
Fort bien. Sauf que « seuls les efforts de
réduction du CO2 sont cités, déplorent nos trois experts. Les gaz à
effet de serre autres que le CO2 (méthane, oxyde nitreux, etc.) ne font
l’objet d’aucune mention spécifique ». Même constat en France : « Lors
du “Grenelle de l’environnement”, toutes les mesures prononcées
concernaient la réduction des émissions de CO2 sans qu’une seule fois,
dans le document final, ne soit jamais mentionné le méthane. »
Pourquoi un tel oubli ? Essentiellement pour
des raisons pratiques répondent les auteurs. La conversion en « tonnes
équivalent CO2 » permet, en effet, de comptabiliser plus facilement la
contribution des différents gaz responsables de l’effet de serre. Mais
du fait de la « généralisation de son emploi [...], tout se passe comme
si l’on avait affaire à un seul gaz, “équivalent CO2” dont il s’agit de
réduire les émissions. »
Plus grave : les calculs d’équivalence sont
effectués de façon très approximative, ce qui contribue à sous-estimer
l’impact du méthane, notamment. Il est ainsi couramment admis que
l’émission d’une tonne de méthane dans l’atmosphère a le même effet que
21 tonnes de CO2. Sauf que cette équivalence n’est valable que sur une
période de cent ans. Le temps de vie du méthane dans l’atmosphère étant
beaucoup plus faible que celui du CO2, son impact climatique est
d’autant plus élevé que la période de référence choisie est courte.
Par exemple : à l’horizon 2050, date à
laquelle l’Europe veut réduire de 50 % ses émissions de gaz à effet de
serre par rapport à 1990, le « pouvoir de réchauffement global » du
méthane n’est plus égal à 21 mais à 49. Et à cinq ans, une tonne de
méthane fait autant de dégâts que 101 tonnes de CO2 !
À l’horizon de cinquante ans, la
sous-estimation des effets engendrée par l’utilisation du PRG de 21 est
donc très élevée (un facteur 2,7) et elle reste encore d’un facteur 1,9
sur cent ans.
Conclusion : l’Europe ne pourra pas atteindre
son objectif si elle n’intègre pas le méthane dans son programme de
réduction d’émissions et si elle persiste à lui appliquer un
coefficient d’équivalence inadapté.
LR
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